Avant d’être investisseur, François Gompel est médecin. Sa vision de l’entrepreneuriat et de l’activité de business angel est donc différente et singulière. Il nous la présente dans cette nouvelle interview des membres de la communauté Provence Angels.
Pourquoi êtes-vous devenu Business Angel et à quel moment de votre vie/carrière ?
Je suis devenu BA un petit peu par hasard.
Je suis médecin, dans une spécialité où l’on doit être rigoureux, reproductible, et suivre les recommandations en en déviant le moins possible : tout le contraire de l’entrepreneuriat ! C’est peut-être en raison de ce contraste que j’avais depuis longtemps une fascination pour les gens qui osent, qui prennent des risques, et qui innovent !
Et puis, alors que je n’avais pas encore 40 ans, au hasard d’une rencontre, d’une discussion, je me suis trouvé invité chez Provence Angels. Le début d’une aventure !
Quel est le rôle du BA selon vous ?
Je dirai qu’avant que l’investissement soit décidé, le BA est quelqu’un de nécessaire dans l’écosystème de l’innovation.
Au niveau de jeunesse et de risque des projets dans lesquels nous rentrons, les institutionnels ne peuvent pas expertiser les dossiers de manière suffisamment profonde au regard des montant levés : les frais seraient disproportionnés.
C’est là que nous intervenons : parmi les membres de Provence Angels, pour un projet qui suscite de l’intérêt, il y aura forcément certains d’entre nous qui auront une expérience, une sensibilité, ou un réseau proche de l’activité à explorer, et qui sera donc en très bonne position pour évaluer le dossier. Et tout cela de manière bénévole, et en s’engageant personnellement à 100 % sur sa recommandation.
Ensuite, il reste à écrire l’histoire la plus belle possible, c’est à dire à construire un cadre juridique liant les intérêts des porteurs de projets et des investisseurs, qui donne aux uns comme aux autres, envie de pousser le projet le plus loin et le plus efficacement possible : et c’est cela, pour moi, le rôle du BA « après investissement ».
Considérez-vous qu’investir dans une startup est un investissement comme un autre ?
Bien sûr que non. Investir dans une startup c’est avant tout une aventure humaine : c’est rencontrer des gens qui veulent changer la société, qui viennent à peine de poser la première pierre, mais que l’on va aider, notamment financièrement, à grandir et à réaliser leur projet.
C’est mettre des sous dans un projet dont on espère qu’il portera ses fruits un jour, mais dont on sait qu’on a beaucoup plus de chances de ne jamais rien récupérer.
Rien à voir avec l’immobilier ou autre type d’investissement !
Quels sont vos critères pour investir dans une startup ?
Chaque pitch est une nouvelle fenêtre qui s’ouvre sur la société et qui me donne une chance de saisir comment elle marche, de pénétrer sa complexité, sa diversité, sa richesse. Alors, je dirai qu’en plus des critères « habituels », que sont l’intérêt de l’idée, le potentiel de développement du projet et les qualités humaines de l’équipe, je regarde toujours la valeur « morale » de ce que les dirigeants veulent faire. Investir, c’est pousser la société dans une certaine direction (même modestement), et je fais attention à cette direction.
J’investis dans des projets 100 % coup de cœur ! Même si j’approfondis plus souvent des startups qui sont proches de mon domaine de compétence, le coup de cœur est obligatoire !
Cette année, chez Provence Angels, nous avons continué de fonctionner malgré l’épidémie. Nous avons vu passer environ 40 dossiers, ultra majoritairement de grande qualité.
Une fois que vous avez investi, comment accompagnez-vous les équipes ?
Mon plus grand rôle pour les startups a été de les aider pour leurs recherches de fonds ultérieures, pour des secondes levées ou pour des financements institutionnels : c’est auprès des autres investisseurs que j’ai pu défendre les projets, parce que je savais pourquoi j’avais investi, quels étaient les atouts des projets, comment les dirigeants avaient relevés les challenges prévus et imprévus, et pourquoi j’avais toujours envie de participer à l’histoire de ces boîtes.
A votre tour de pitcher ! Comment donneriez-vous envie à d’autres de devenir investisseur ?
Tout simplement, être BA c’est quelque chose de passionnant : c’est participer à l’aventure de l’entreprenariat, c’est rencontrer des hommes et des femmes qui veulent changer le monde, c’est rencontrer d’autres BA, dont les parcours sont tous exceptionnels, c’est aider des talents, c’est s’intéresser, comprendre, aider : c’est avant tout apprendre.
C’est super !