Aujourd’hui, nous vous présentons Philippe Delacroix ! En plus d’être Business Angels et membre du conseil d’administration au sein du réseau, Philippe fait également partie de l’APIA, (Administrateurs Professionnels Indépendants Associés) association œuvrant à une meilleure gouvernance au sein des entreprises. Retour sur ces deux rôles respectifs et les synergies qui en émergent.

Pourquoi êtes-vous devenu business angel et à quel moment ?

À la suite du rachat de ma dernière entreprise et de mes actions, je n’avais pas vraiment d’idée précise sur mes projets futurs… Mais une chose était sûre : pour que ce soit un projet plaisir je voulais conserver une certaine liberté et continuer à être utile dans le milieu professionnel sans forcément retourner à 100% dans de l’opérationnel. C’est ainsi que je me suis lancé dans quelques missions de consulting (en stratégie, management etc…) et ai intensifié la prise de mandats d’administrateurs indépendants.

L’investissement en tant que Business Angel m’est aussi apparu comme très intéressant. L’idée de transmettre mon expérience en étant de l’autre côté de la table m’a particulièrement attiré.

Comment êtes-vous arrivé chez Provence Angels et pourquoi avoir choisi le réseau ?

En plus de me lancer dans l’aventure de Business Angels, je souhaitais également vivre dans la Région Sud. Dès lors que j’ai commencé à me pencher sur ces deux projets et à en parler autour de moi, un ami, lui-même investisseur, m’a fortement recommandé de regarder du côté de Marseille car il y avait un très bon réseau… du nom de Provence Angels !

A l’époque, plusieurs réseaux s’offraient à moi. Mais j’ai préféré intégrer celui de Provence Angels car ce dernier m’a semblé davantage organisé et structuré. Cela correspondait davantage à ce que je recherchais.

Quels sont les critères sur lesquels vous concentrez votre attention lorsque vous écoutez une startup « pitcher » ?

Au début, mon attention sera davantage fixée sur la fameuse problématique à laquelle la startup prétend répondre. Dès les premières secondes ou minutes, je veille à ce que ce ne soit pas simplement un épiphénomène mais bel et bien une vraie réponse à un vrai besoin. Puis, une fois que je suis convaincu sur ce point, je regarde comment cela se matérialise en termes de produits, services ou usages et enfin quel est le business model associé.

Autre critère essentiel auquel je vais être particulièrement attentif : la qualité de l’équipe. Est-ce qu’il y a un leadership partagé dans les grands domaines clés de l’entreprise (technique, marketing, entrepreneuriat…) ? Est-ce que cette équipe est homogène et en phase ? Tous ces points font également partie de ma grille d’analyse.

Enfin, au-delà de ces critères, d’autres points peuvent être également liés à une conviction personnelle. Pour ma part, j’essaye de voir si la startup est capable de développer un avantage concurrentiel défendable et durable.

Une anecdote à nous raconter dans votre vie de Business Angel ?

Dans la vie de Business Angel, tout n’est pas fait que de réussite ! Dans notre parcours, nous apprenons constamment. Cela a été le cas dans l’une de mes premières participations par exemple, où les deux porteurs de projet semblaient former une excellente équipe. Toutefois, au fil du temps, nous nous sommes très vite aperçus que ce binôme n’était finalement pas du tout en harmonie sur les objectifs, les valeurs et les process. Ainsi, au lieu de se concentrer sur le développement de l’entreprise comme à leur habitude, les Business Angels présents au « board » ont dû gérer cette relation conflictuelle qui s’est finalement soldée par une séparation assez douloureuse (mais inévitable) et qui a fait perdre près de deux ans à l’entreprise. Ce type de situation nous pousse sans cesse à nous remettre en question et à nous réinventer.

C’est pourquoi, je suis convaincu par l’idée de mettre en place dès le départ une charte rédigée par les fondateurs eux-mêmes. Au-delà du pacte d’actionnaires (qui lui sécurise les investisseurs minoritaires), ce document permettrait non seulement de formaliser les éléments fondateurs de la startup mais aussi de vérifier que les entrepreneurs soient bien tous en accord dès le départ sur la vision, les valeurs, les objectifs, les modalités de croissance et de financement, le partage des rôles …etc. Ce sont des principes de gouvernance que des membres de l’APIA proposent d’instaurer dès la création de la startup et en tout cas avant l‘arrivée des investisseurs.

Comment donneriez-vous envie à d’autres de devenir investisseur ?

Être Business Angels et membre du Comité Stratégique c’est apporter un regard indépendant et éclairer les prises de décisions du Dirigeant. Ce statut est bien loin de l’image de l’investisseur « dormant » qui recherche de la défiscalisation et des plue-values. Le Business Angel investit du temps, beaucoup, et accompagne l’entrepreneur avec bienveillancemais aussi surveillance. Mais quoi qu’il arrive toujours avec passion !

Ce qui est très motivant dans ce rôle, c’est que nous sommes au cœur du réacteur nucléaire : on peut avoir accès et participer à tous les domaines clés tels les produits, la technologie, le business, l’humain ou encore la stratégie…  En étant au comité stratégique, le Business Angel peut challenger, contribuer et marquer de son empreinte l’aventure d’une entreprise. Il a un impact fort !

C’est également un rôle très gratifiant. Quand on a impulsé une idée ou guidé un entrepreneur dans son choix, on est toujours content d’avoir pu apporter notre brique à l’édifice. Et encore plus quand on voit les résultats de ces actions ! On se sent clairement utile mais cela toujours en toute humilité et discrétion.

En plus d’être au conseil d’administration de Provence Angels, vous êtes également administrateur de l’APIA. Quels sont les apports respectifs ?

Un accord de partenariat a été signé entre Provence Angels et l’APIA Méditerranée. C’est une relation gagnant-gagnant avec de fortes synergies ! D’un côté, l’APIA représente un réseau d’administrateurs indépendants qui prône une gouvernance ouverte dans tous types de sociétés (startup, TPE, PME, ETI…). L’association aide les entrepreneurs à recruter l’administrateur qui correspond le mieux à leurs besoins et à l’intégrer dans leurs conseils d’administration ou comités stratégiques. Ses membres sont constitués uniquement de dirigeants ou anciens dirigeants qui ont tous la même motivation : faire en sorte que l’intérêt social et la pérennité de l’entreprise soient la seule boussole et pas uniquement l’intérêt de certains actionnaires ou Dirigeants. De nombreuses sessions d’auto-formation sont proposées par l’APIA (Rémunération des Dirigeants, internationalisation, croissance externe, Transformation digitale, …etc) pour professionnaliser les membres dans l’exercice de leurs mandats.

De l’autre côté, on retrouve Provence Angels qui compte 80 membres et Business Angels de haut niveau. Parmi les membres présents aux comités stratégiques, certains peuvent vite se sentir désemparés car ils n’ont pas toujours été déjà confrontés aux principes de bonne gouvernance. Grâce au partenariat avec Provence Angels, l’APIA les accompagne sur cette partie en réalisant divers ateliers et formations sur les divers aspects de la Gouvernance. De nos jours tous les fonds d’investissement sont maintenant très axés sur les aspects ESG et c’est une très bonne chose que de préparer la Gouvernance avant leurs diligences pour une levée de fonds.

C’est une relation mutuellement gagnante puisqu’elle permet de créer une certaine passerelle entre les deux réseaux. La preuve ? Certains membres de l’APIA sont devenus membre de Provence Angels (comme moi-même et d’autres) et inversement. Preuve qu’il y a une forte synergie !