Nos business angels s’engagent, investissent et s’investissent toute au long de l’année (et depuis des années !) pour aider et accompagner les entrepreneurs du territoire. Dans une série d’interviews nous leur donnons la parole. Après avoir échangé avec Jacques Meler et Christophe Baralotto, dans cette nouvelle interview, nous vous présentons Thierry Haller, business angel au sein de la communauté depuis plusieurs années et engagé auprès des entrepreneurs qu’il accompagne. Dans cette interview, il nous présente sa vision de l’investissement.

 

 

 

Pourquoi êtes-vous devenu business angels au sein de Provence Angels ? 

Lorsque j’ai approché Provence Angels en 2016, j’avais à l’esprit les possibilités de défiscalisation. Dirigeant salarié d’un groupe international, je cherchais les moyens pour optimiser mes impôts sur le revenu. Je n’avais alors pas encore compris les autres facettes du rôle de business angels.
Certes, la défiscalisation liée aux investissements au capital de sociétés innovantes existe, mais elle est faible et ce n’est pas suffisant pour investir ses économies dans des sociétés si risquées. En effet, investir dans une start-up, c’est arriver à un moment où la situation de l’entreprise est la plus dangereuse, où elle a besoin d’être agile, rapide et excellente dans l’exécution de son business plan. Ce sont des qualités critiques pour réussir le développement et l’accélération attendue par les investisseurs.

Aussi investir seul dans des start-ups est très risqué. Faire partie d’un réseau comme Provence Angels permet de réduire ce risque car on peut s’appuyer sur l’expérience des autres business angels, écouter leurs conseils et compter ensuite sur leur accompagnement des start-ups.

Quel est le rôle du business angel selon vous ?

Un rôle important des business angels est d’apporter à la start-up son expérience, son coaching et son réseau. Nos intérêts sont alors complètement alignés : plus la start-up réussit, plus on peut espérer réaliser une plus-value sur notre investissement. Et il faut quelques plus-values pour compenser toutes les pertes, car les statistiques sont impitoyables… A titre d’exemple, depuis 2016, sur les 12 investissements que j’ai réalisés, 2 sont déjà arrêtés et dans le lot, je devrais avoir 2 pépites…

Quelles sont les raisons pour lesquelles vous investissez dans un projet ? 

Beaucoup de projets de start-up ont un volet digital et un beau potentiel de disruption existe encore dans de nombreux marchés grâce aux solutions numériques. D’une part, j’ai investi dans des start-ups issues de secteurs où j’avais des connaissances, de l’expérience, comme par exemple les objets connectés. D’autre part, j’ai également investi dans des projets « coup de cœur » en dehors de mes secteurs d’expertise, quand l’équipe dirigeante m’a séduite, quand le business plan me paraissait ambitieux mais raisonnable. Mais aussi quand d’autres business angels de Provence Angels, davantage connaisseurs de ces marchés, donnaient des avis positifs. 

Aussi, en tant que business angel, il faut être prêt à donner du temps bénévolement pour instruire des dossiers pour la communauté d’investisseurs business angels, pour boucler les deals avec les autres investisseurs locaux (fonds d’investissements, Région Sud Investissement, banques, autres réseaux de business angels) et ensuite pour suivre ces start-ups lors des comités stratégiques, tout au long de la vie de l’investissement.

Quelle est votre valeur ajoutée en tant que business angel ? 

Prenons, un exemple concret. J’ai investi dans la start-up Fenotek qui fabrique et commercialise un interphone vidéo intelligent et connecté à votre téléphone. Le dirigeant est très expérimenté dans le digital et le management de sociétés, moins sur le sujet commercial.

La société a commencé la commercialisation des interphones sur le marché B to C et les difficultés à se démarquer dans les rayons des grandes surfaces de bricolage et des places de marchés en ligne, lui ont fait faire un pivot vers le B to B et le pro. J’apporte une expérience de vente à ce type de réseaux professionnels. Les échanges avec le dirigeant sont à la fois informels et réguliers, au fil des besoins du dirigeant, mais aussi formels lors des comités stratégiques où tous les investisseurs sont représentés. Chacun apporte son expérience dans l’intérêt de tous avec un même but, celui d’aider à développer de façon pérenne et profitable la start-up.

A vous de pitcher ! Comment convaincriez-vous quelqu’un à se lancer à devenir business angel ? 

Il n’est pas nécessaire d’avoir fait fortune pour devenir business angels et faire partie d’un réseau comme Provence Angels permet d’avoir accès à un grand nombre de dossiers très variés et très ambitieux, avec un ticket unitaire d’investissement très modéré. Chacun choisit ensuite d’investir ou non dans les dossiers sélectionnés.
Être business angel, c’est également bénéficier de l’énergie positive et de l’optimisme des entrepreneurs qui viennent pitcher pendant les comités mensuels. C’est ma ‘’respiration intellectuelle’’ qui me fait oublier le quotidien et la sinistrose ambiante.

Cette fougue, cette insouciance et cette ambition des entrepreneurs qui viennent pitcher m’ont envahi, et je crois qu’elle a participé à me donner maintenant à 46 ans le goût de l’entrepreneuriat, par un projet de reprise d’entreprise. ‘’The sky is the limit’’, allons-y.

Provence Angels est partenaire de l’IRCE qui aide les dirigeants à structurer leur stratégie. Vous avez-vous-même suivi le parcours d’accompagnement « Reprendre une Entreprise »  : qu’en retenez-vous aujourd’hui ?

Le parcours « Reprendre une Entreprise » de l’IRCE est une excellente formation pour ceux qui souhaitent creuser l’opportunité de devenir entrepreneur. Pour la petite histoire, c’est au contact des startups pitchant chez Provence Angels que cette envie de devenir moi-même entrepreneur-repreneur s’est révélée. L’IRCE m’a permis non seulement de creuser la démarche de recherche d’une cible, d’analyser les entreprises identifiées et d’étudier si un projet de reprise peut être viable (en particulier en LBO avec un effet levier de dette). J’ai creusé une quarantaine de dossiers, rencontré une vingtaine de cédants, fait 3 offres… mais la période Covid est passée par là !

De même, l’IRCE apporte également un excellent réseau local d’entrepreneurs et nous avons créé des liens très proches entre participants du parcours reprise. Plusieurs d’entre eux ont repris, d’autres ont créé des entreprises et d’autres, comme moi, ont repris des postes salariés. En effet, une opportunité professionnelle m’a fait reprendre un poste de dirigeant dans un groupe international. Mais cela ne m’empêche pas de continuer à participer à des rencontres ou événements de l’IRCE, toujours riches en rencontres.